- CHINE (La République populaire)
- CHINE (La République populaire)A RÉPUBLIQUE POPULAIREAVEC la fondation de la république populaire de Chine (1949), le Parti communiste arrivait au pouvoir dans le plus vaste et le plus ancien État du monde, et se trouvait confronté à toute une série de problèmes essentiels. Il s’agissait de sortir la Chine de la stagnation, de promouvoir une politique de développement économique, de libérer les hommes et leur misère. Il fallait aussi mettre le peuple en mesure de gérer ses propres affaires, alors qu’il était pratiquement dépourvu de toute tradition démocratique (mis à part l’expérience des zones libérées); la toute-puissance bimillénaire de la bureaucratie avait survécu à l’Empire et s’était perpétuée jusque dans les dernières années du Guomindang [Kouomin-tang]. Pour réaliser ce double objectif politique et économique, le communisme devait réellement s’implanter dans toute la Chine, c’est-à-dire transposer dans un pays asiatique de tradition bien différente un système politique et une idéologie nés en Occident, par exemple ceux de la Russie de 1917 ou de la Tchécoslovaquie de 1948. Cette adaptation du communisme à la réalité chinoise était particulièrement délicate dans le domaine culturel, en raison du riche héritage original que la Chine avait accumulé depuis des siècles. Il fallait enfin présenter de la Chine dans le monde une version nouvelle, différente à la fois du vieil ethnocentrisme confucéen et de la situation dépendante où le pays avait été réduit par les traités inégaux; il fallait – on le jugeait alors possible – à la fois intégrer la Chine au camp socialiste et resserrer ses liens avec les autres pays afro-asiatiques en voie de libération.En avril 1945, Mao Zedong [Mao Tsö-tong] fixait ainsi l’objectif du Parti communiste chinois: «Notre programme futur ou programme maximum est l’édification du communisme en Chine.» Il le faisait pour une Chine de près de 10 millions de kilomètres carrés et de 750 millions d’habitants, dont 95 p. 100 environ de paysans formant une communauté qui demeurait, par sa culture et sa civilisation, dans un état caractéristique d’isolement.L’accession de la Chine au socialisme, la libération des forces productives qui donneraient au communisme ses bases impliqueraient que la Chine devînt un pays économiquement prospère; cela impliquait également qu’un pas fût fait vers la socialisation (la Constitution du 20 septembre 1954 évoque dans son préambule la nécessaire transformation socialiste de l’agriculture, de l’artisanat, de l’industrie et du commerce capitalistes). Cette transformation devait être le fruit d’un droit chinois nouveau qui s’inscrivait cependant dans une tradition, et d’une réforme agraire.En 1958, on pouvait considérer que la transformation socialiste était réalisée; désormais, la question du «passage au communisme» et le problème de la détermination du rythme de l’édification socialiste étaient à l’ordre du jour. Ils le furent effectivement au cours d’une histoire dont le «Grand Bond en avant» (1958-1959), le lancement des communes populaires, la récession de 1960, la Révolution culturelle prolétarienne allaient être les principales étapes. Avec la révolution culturelle, cependant, se radicalise le différend sino-soviétique, manifeste dès 1960: désormais et sans ambiguïté, la «ligne chinoise» (priorité du politique sur l’économie, appel à la responsabilité directe des masses, etc.), surtout si on l’inscrit dans le cadre d’une stratégie anti-impérialiste à l’échelle mondiale et d’une tentative de résolution des contradictions internes du régime socialiste lui-même, est celle de la «révolution permanente» pour reprendre le concept maoïste, ou de la «révolution ininterrompue», selon la traduction proposée par E. Pischel-Colotti du terme chinois buduan geming [pou-touan ko-ming ]; traduire ce terme par «révolution permanente» risque d’entraîner une confusion avec la notion trotskiste qui est bien différente (et que désigne en chinois un terme différent). Jusqu’aux années 1980, la voie chinoise, celle de la mobilisation des masses notamment, a constitué pour le Tiers Monde une voie nouvelle, différente et rivale de la voie soviétique, et en particulier d’un modèle de développement rationnel et progressif de l’économie planifiée.
Encyclopédie Universelle. 2012.